Ouverture du premier musée du Street-Art Parisien

Ce week end, le premier musée du street art en France ouvrait ses portes à Paris. A la fois attendu et contesté, cet espace d’exposition prend place au sein de l’école d’informatique fondée par le célèbre geek-entrepreneur, Xavier Niel, l’école 42. Les oeuvres street art appartenant par définition à la rue, seul le travail d’atelier, la genèse des créations urbaines y est exposée. 150 productions, réalisées par une cinquantaine de street artistes, toutes issues de la collection d’un seul homme : Nicolas Lauguerro Lasserre.

Musée ou pas ?

Difficile d’obtenir une réponse claire tant Art 42, brouille les pistes, abusant de la dénomination pour mieux s’en désengager, et il n’est pas certain que le qualificatif leur aurait été attribué si il ne s’en étaient pas targué eux mêmes.

Factuellement, les oeuvres sont disséminées au sein de l’école 42, au milieu des rangées d’Imac. Intellectuellement, l’une des vertus d’un musée est l’éducation par la délectation et si l’on s’en tient à cette fonction, ART 42 fait toile blanche.

En effet, on regrettera le manque de progression et de cohérence dans la visite, ne favorisant pas une approche didactique de l’exposition. Les pièces elles-mêmes pourraient être nourries de croquis, fragments, ébauches ou inédits, propices à l’immersion dans l’univers de l’artiste et la compréhension de son processus de création.

Vous n’en découvrirez pas plus sur les démarches artistiques, réflexions ou transposition du travail d’atelier à la rue. Compliqué également de déambuler dans cet espace intrinsèquement inapproprié et ne semblant pas adapté en conséquence. Mécaniquement, se plonger dans les profondeurs de la perspective n’est pas aisé et le plaisir de la contemplation encore moins. Le regard se pose plus volontiers sur les écrans et les lignes de codes des développeurs en herbes.

Se détacher du paradigme de la white cube, dans une logique non commerciale, pour un art anticonformiste est louable en soi, l’excès inverse n’est bon ni pour le street-art ni pour les musées. Relayée au second plan, l’exposition semble low-cost dans une école à plusieurs milliers d’euros le mettre carré. De là à dire qu’il s’agit du premier musée du street-art français, vraisemblablement non.

Du street-art ?

Mais si ce n’est pas un musée, est-ce réellement une exposition street-art ?

Dessins, peintures sur toiles, hormis quelques exceptions, comme l’installation d’une palissade en bois ; la plupart des mediums utilisés appartiennent à l’art classique. Exposés à Pompidou nous dirions sans doute qu’il s’agit de Pop Art. Si les artistes relèvent du courant street-art, ce n’est par conséquent, pas le cas des oeuvres. Une question se pose alors, éloignées de leur milieu naturel (l’espace urbain), les créations ne se muent-elles pas instantanément en oeuvres classiques ?

Qu’en est-il de la démocratisation du street-art ?

La rue n’est-elle pas l’apanage de la démocratie ? Capturé et enfermé, le street-art, n’appartient plus dès lors qu’à un méga-collectioneur.

Les oeuvres 

L’exposition répartie sur plusieurs niveaux et guidées par des étudiants de l’ICART, présente les travaux de grands noms du courant tel que Bault, Blu, Banksy, Clet, Invaders pour ne citer qu’eux et c’est là le point d’orgue de l’exposition pour tous les amateurs de street-art. Une application vous permet d’obtenir via des flash codes, de brèves informations complémentaires sur chaque oeuvre et artiste.

Amateur de street-art va plutôt perdre ton temps sous les derniers rayon de soleil.

Entrée sur réservation de 19h à 21h en semaine et le samedi de 11h à 15h.

S’y rendre : 

École 42
96 Boulevard Bessières
75017 Paris 17

Métro Porte de Clichy

Site

Tarif :

Gratuit

Clara S.

 

A propos de Clara S. 96 Articles
Créatrice du site Eklektike.com. Explorer, tester, goûter, découvrir, repousser ses limites, courir, sauter, voyager,... Alsacienne d'origine et de coeur, parisienne d'adoption et de coeur,...