Pickelhead – L’interview d’un artiste crépitant !

Malossol, doux, aigre, vous les aimez comment vos cornichons ? Nous on les aime pétillants comme les Frizzy Pazzy, vous savez ces sucettes qui crépitent dans la bouche. Pickelhead, c’est un bonbon acidulé, coloré et sucré, qui se savoure comme une tête brulée sortie de son emballage. Présentation de cet artiste à l’univers haut en couleur, enfantin parfois, imaginatif toujours. Il récupère puis transforme, peint, et customise, de vieux objets pour leur donner une seconde vie à la fois riche et originale.

Qui es-tu, Pickelhead ?

J’ai 27, bientôt 28 ans, originaire de Lyon ou j’ai passé une majeure partie de ma vie et commencé mes études artistiques. J’ai commencé par un Bac en arts appliqués, puis j’ai enchainé sur un BTS en design produit, voie que je n’ai pas souhaité suivre pour diverses raisons mais surtout, je n’avais plus envie de me prendre la tête avec d’autre matière que le dessin. Pour mes dernières années d’études j’ai choisi le soleil de Montpellier et une petite école d’art où j’ai trouvé tout ce que je voulais : des potes, la fête et du dessin sous toutes ses formes, bd, illustration, graphisme. Je me suis vraiment bien marré et ça m’a surtout fourni un très bon bagage pour la suite…

Pourquoi Picklehead ? D’où vient ce nom ?

Aha. Le fameux Picklehead ! Ce qui est marrant c’est que peu de gens me le demandent comme si ça coulait de source en me voyant débarquer.
En vrai, je dois cette inspiration à une pote de ma classe de Montpellier qui m’avait caricaturé en cornichon et marqué ces quelques mots forts et plein de sens qui resteront gravés à jamais dans mon esprit : «Boris cornichon». La suite à été assez logique et de là est né le fameux Picklehead !

Quand est-ce que l’aventure Pickelhead à commencé ?

Tout à commencé quand j’ai bougé à Bruxelles juste après avoir décroché mon diplôme en illustration fin 2013. Pour l’anecdote j’ai un peu « kidnappé » mon meilleur pote qui vivait à Lyon à cette époque. Je lui ai proposé de venir avec moi en Belgique car je ne me voyais pas m’y exiler sans connaitre personne, et accompagné de son meilleur ami on pense pouvoir affronter toutes les galères. Bref on est arrivé là bas, on a trouvé un appart rapidement, financé généreusement par nos parents les premiers mois pour nous permettre de nous lancer. Nous avions du temps à revendre et  j’en ai profité pour me lancer dans ce qui allait devenir mes premières pièces estampillées «Picklehead».
J’ai tout de suite commencé sur du bois que j’avais récupéré dans la rue, j’ai acheté une scie sauteuse, quelques bombes et je me suis mit à découper, peindre et dessiner mes premiers personnages dans mon salon improvisé en atelier. J’ai très vite produit, me suis fait des premiers contacts et c’était parti pour une première expo dans un salon de créateurs !

Qui es-tu en tant qu’artiste ?

Je suis un mec qui s’éclate en faisant son truc tout simplement. Je ne me mets pas de pression sur ce qui va être accepté ou pas. Je ne suis pas de tendances, mais suis super exigeant avec mon travail et c’est ce qui m’a permis de l’avoir pas mal fait évoluer depuis 5 ans.

Pour montrer mon travail je ne cherche pas à convaincre galeries et autres salons d’arts. Je me sens loin de tout ça et de l’ambiance fric, branchée et aseptisée que ça dégage et de toute façon, je ne pense pas que mes créations trouveraient leur place dans ce milieu. Je préfère autant trouver un endroit qui me plaise et où mes pièces et mon univers peuvent dégager quelque chose de décomplexé et positif auprès de personnes  proches de moi et de mes valeurs.

On dit que le positif attire le positif alors j’ai adopté cette aproche dans mon art et ma façon de le montrer et pour l’instant ça à plutôt bien marché !

Comment définis-tu tes créations ?

Aaaah cette question que j’aime tant ! J’ai toujours beaucoup de mal à répondre quand on me la pose et souvent j’esquive en dégainant mon portable pour montrer directement des photos aha !
Bon, là je peux pas faire ça donc je vais devoir répondre. Mes créations sont… moi.
Je vois pas ce qui les définirait mieux, et je pense qu’en voyant mes pièces, qu’on me connaisse ou non on comprendra plus ou moins tout ce qui tourne (pas rond) dans ma tête. L’esprit enfantin, mon côté joyeux par l’exubérance de couleurs, le format hors des normes par le refus d’un cadre qui délimite la création et une bonne et fructueuse imagination qui ne m’a jamais lâché !

Quel-est ton univers ?

J’ai toujours aimé tout ce qui était monstres, robots, série Z, nanar. Tout ce qui a trait au graffiti et également une grosse inspiration de tout les dessins animés que je me suis mangé dans les années 90 qui étaient plutôt riches de ce côté là ! Il y avait bien sûr les tex avery, looney tunes, univers que je considère comme le must have en matière de divertissement comique.
Alors voilà je mixe tout ça sans en être pleinement conscient, je créé un monde, une atmosphère dans laquelle assembler le tout et ça donne des scènes surréalistes, tantôt comiques, des fois posées ou rêveuses,. Il y a souvent beaucoup d’éléments à voir et l’oeil peut se perdre dans les détails pendant un bon moment.

Quel medium utilises-tu ?

J’utilise principalement du bois, à 90 % et quelques créations sont sur papiers en noir et blanc. Jamais de toile, je n’aime pas les limites qu’elle impose ni la matière.
Dans le bois j’ai trouvé mon bonheur : chaleur visuelle et tactile, la possibilité de le découper comme je le veux, et surtout la quasi gratuité vu que j’en trouve beaucoup de toute les formes et de tous les aspects en me promenant dehors ou dans des brocantes !

Comment procèdes-tu ?

Un bouillonnement intensif du cerveau, un brouillon peu poussé par flemme et ensuite je me lance directement sur le support. Je découpe le contour du dessin à la scie sauteuse (le plus sport), je peins puis finis les détails et les contours avec des poscas.

Je fais toujours plusieurs pièces en même temps histoire de varier les étapes et de ne pas trouver ça redondant de bosser pendant un mois sur la même pièce.

Préfères tu t’adapter au support, ou le modéliser avant de le peindre ?

Les deux, souvent les idées que j’ai croquées sur mon carnet vont être dessinées puis découpées car j’ai une idée bien précise de la finalité, tant sur l’aspect que sur la forme.
Ensuite il y a tous les supports en bois que je déniche, récupère et qui selon le format et la fonction (tiroir, dossier de chaise) vont m’inspirer, et comme je trouve ça chouette et original je ne vais pas y toucher.

Comment travailles-tu tes sculptures ?

Les sculptures sont une partie de mon travail assez récente. J’avais envie de varier un peu le support et surtout dans certaines de mes pièces, j’avais des tableaux sur deux plans. Une partie découpée qui faisait office de second plan et un personnage au premier plan. Cela donnait un petit air de profondeur plutôt cool mais tellement galère à penser et à mettre en oeuvre que j’ai un peu abandonné. C’est là que l’idée de la sculpture est apparue, pour laisser transparaître pleinement mon univers dans la 3ème dimension !

Et comme je n’ai toujours pas répondu à la question, elles sont faites à partir d’une multitudes de petites pièces en bois que j’achète par sac et assemble ensuite selon un croquis rapide ou en suivant mon inspiration.
Ensuite je peins l’ensemble et c’est sûrement l’étape la plus longue. En général les sculptures c’est beaucoup de boulot mais aussi énormément de plaisir quand tu la vois enfin finie ! J’ai encore pas mal d’idées sur le papier, dont des lampes qui devraient voir prochainement le jour.

Quel est ton public ?

Il est très varié, de la grand mère de ma copine jusqu’aux enfants, tout le monde y trouve un aspect qui lui parle, quelque soit l’âge. Je suis assez fier de ça et en même temps c’est toujours surprenant car on ne peut pas dire que tout soit très accessible… Mais ça doit amuser les gens ce côté décalé et perché j’imagine. Et vu la météo de Bruxelles la dose de couleur doit aussi jouer un rôle anti-déprime sur eux aha

On peut lire sur ton site que tu es originaire de Lyon, pourquoi t’être exilé à Bruxelles ?

Comme je l’ai déjà expliqué plus tôt, j’ai bougé avec mon meilleur pote Matthieu mais au départ le truc drôle c’est que je devais bouger avec un autre pote de ma classe qui voulait s’y installer et m’en parlait comme étant LE super bon plan de toute ma vie et finalement… il n’a pas bougé. J’ai donc pris Matt avec moi et je suis  parti ! On avait tous les deux envie de quitter le nid familial et de découvrir un nouveau pays sans que ça non plus soit un voyage sans retour, du coup Bruxelles semblait toute indiquée.

Ce qui était rassurant pour bouger là bas c’est la langue, la proximité avec la famille et un monde artistique que je savais assez actif. Je me suis rendu compte que chaque artiste quoi qu’il ait à montrer peut espérer y trouver sa place tant les sphères dans ce domaine sont variées et les rapports décomplexés.

Le plus dur c’est vraiment le choc météo, la belgique c’est un hiver interminable et beaucoup de pluie, ça j’ai toujours beaucoup de mal !

Où sont exposées tes créations ?

Je montre mon boulot à quelques salons, expos de temps en temps, mais comme je ne suis pas véhiculé et que le bois c’est pas le truc le plus simple à transporter, je vérifie vraiment que ça en vaille le coup ! Pour le reste j’ai découvert récemment que de vendre de chez soi c’est aussi pas mal et nettement moins galère aha… j’ai une page Esty, un site web, une page Facebook bien sûr et je suis aussi présent sur Instagram donc ça me donne une bonne petite visibilité qui s’accroit doucement mais j’espère sûrement.

Quel Bruxellois es-tu ? A quoi ressemble un week end avec toi ?

A Bruxelles il y a toujours beaucoup de choses à faire, boire une bonne bière avec des amis, se promener dans un des nombreux musées et avec ma copine on est fans de fripes et de brocantes du coup on passe beaucoup de temps à chiner et ça occupe la majeure partie de nos weekends !
En plus de ça ma copine à un enfant de 3 ans donc ça anime pas mal le quotidien et étant à la maison un weekend sur deux, on alterne, fripes et boire un verre en terrasse ou bac à sable et aires de jeux  !

Un peu de politique, que penses tu du noeud pap du président des socialistes belges, Elio Di Rupo ?

J’avoue que niveau politique je ne m’y intéresse pas du tout ou de très très loin mais si il porte un noeud papillon c’est forcément un homme de goût.

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A propos de Clara S. 96 Articles
Créatrice du site Eklektike.com. Explorer, tester, goûter, découvrir, repousser ses limites, courir, sauter, voyager,... Alsacienne d'origine et de coeur, parisienne d'adoption et de coeur,...