1984 de George Orwell appartient maintenant au passé, bienvenue en 2084 ou plutôt dans un futur non daté sur une île nommée Ixla. Sortie de l’imagination du duo transhumaniste du même nom, le monde fantastique et dystopique dont ils proviennent incarne l’univers dans lequel ils font évoluer leurs personnages respectifs.
Tout juste échappés de l’île d’Ixla, ces êtres à l’intelligence augmentée, M86C23 et F91O24 découvrent, arrivés sur terre, la musique, les rapports aux Hommes, à la terre et à la nature. De là où ils viennent, un futur probable, les Hommes ne sont plus que des fantômes d’eux-mêmes, abandonnés à l’intelligence artificielle et à la robotique. Les consciences ont été uploadées sur des robots humanoïdes et les humains lorsqu’ils existent toujours sont optimisés grâce à la modification génétique. Les plantes, les animaux n’existent plus. L’amour n’est plus envisagé et les rêves sont administrés par des machines, les annihilants. Uniformisée, réglementée et cadrée, la culture n’existe plus et laisse place à un univers standardisé ou la notion de liberté ne subsiste même pas dans leurs mémoires infaillibles.
Cette bulle imaginaire représente leurs interrogations sur l’évolution de l’Homme et la place de la technologie dans notre société. Petit à petit, les nanotechnologies envahissent notre quotidien, les puces électroniques s’implantent dans nos vies courantes comme en nous, les hommes se font remplacer par des robots et la question de l’éthique disparait progressivement au profit des avancées techniques. Qu’allons-nous devenir ? L’avènement de la technologie annonce-t’il le déclin de l’Humanité ? Toutes ces questions parmi tant d’autres sont celles qu’ils nous poussent à nous poser, mais à l’inverse de ce qui est dénoncé, rien n’est imposé, ils ne font que pointer du doigt.
Le clonage, l’eugénisme, les organismes génétiquement modifiés et les multiples révolutions les préoccupent et les animent.
Ni moralistes, ni politiques, ils se réalisent en tant qu’Hommes dans la musique sans réfuter ce qui doit advenir de l’Humanité.
Passés par l’école du Jazz, ces artistes mélangent la musique de leur formation classique avec celle de notre décennie, l’électro. Autodidactes et dans un désir de maîtrise totale du live, les séquences sonores utilisées pendant les performances sont le fruit de leur propre création. En conservant les cuivres et en utilisant des machines complètement domestiquées, le son est sous contrôle et c’est l’assurance que sans la présence d’humains, rien ne se produit. Il n’est pas suffisant d’appuyer simplement sur play et de regarder les disques tourner pour créer un live. Ory Minie et Carlos Mejias, respectivement originaires de Bora-Bora et de Cuba, parlent et chantent en français, anglais et espagnol. L’électro, le jazz, les langues, constituent une combinaison qui leur confère une pluralité, une diversité et un style musical en adéquation avec leur idéologie intellectuelle et culturelle tout autant qu’au message de réflexion qu’ils souhaitent transmettre.
Vraie volonté de performance sur scène, la dualité voire la schizophrénie du transhumanisme doit transparaître à travers une apparence et des mouvements robotiques, une musique électro-acoustique et des montages vidéos oscillants entre nature et images futuristes. Là encore, ils nous poussent à nous questionner. Le transhumanisme, est-ce bien ou mal? Peut-on poser la question en ces termes ? La nature doit-elle inexorablement disparaître au profit de la technologie ?
Ouverts aux autres et au monde, les prochains concerts devraient accueillir des danseurs et autres performeurs.
Ixla s’est libéré de l’asservissement et on ne devrait plus tarder à en apprendre davantage sur le monde qu’ils ont fui. Ils n’ont pas fini de nous surprendre!
Un album devrait voir le jour avant la fin de l’année et vous pouvez déjà écouter le premier single autoproduit, « Noir« .
Et ils participent aux concours des Inrocks Labs 2016 !
Clara
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