Imaginez, Paris un dimanche après-midi, d’humeur à rien, fatigués d’une nuit de fête et de débauche. Le temps est maussade. Du fond du lit, vous n’envisagez pas une seconde d’en sortir. Vous y êtes ? Un tout petit effort, enfilez le survet dominical, bravez la lumière du jour pas plus loin que la bouche de métro, direction la Maison de la Poésie dans le 3ème arrondissement. Promis, vous retrouverez bientôt la position horizontale.
Il est bientôt 17h, quand, dans le très joli passage Molière, perpendiculaire aux rues Quincampoix et Saint Martin, un groupe se forme devant la Maison de la Poésie, attendant impatiemment le début du « Goûter d’écoute » d’ARTE Radio.
Un dimanche par mois, ARTE Radio, la radio web à la demande créée par la chaîne TV du même nom organise un goûter. On vient s’y délecter non pas d’une tarte aux pommes ou d’un clafoutis maison mais d’une séance radiophonique très spéciale. Confortablement allongés sur la scène, plongés dans le noir, en osmose avec l’espace et l’auditoire, pendant une heure, laissez-vous porter par des créations sonores. Politique, philosophique ou poétique, surprenez-vous à écouter des documentaires ou des fictions abordant des thématiques auxquelles vous n’auriez sans doute pas été réceptif dans d’autres circonstances.
Connaissez-vous la misophonie ? Entretenir une haine du son et plus communément, des bruits de bouches produit lors de la mastication. C’est l’un des sujets abordés par Alexandra Vardi une journaliste a qui il a été permis de tendre la perche et de diffuser un témoignage pendant huit minutes sur ce sujet. Barbant ? Absolument pas. Complètement étrange pour qui n’en est pas touché. Concentrée et à l’écoute, la salle se met à rire, frappée par les propos parfois surréalistes de la misophone et portée par la dimension unique de cette écoute. Dans un autre registre, des thèmes de société comme « Quand on a 17 ans » où le jeune réalisateur nous expose ce qu’est d’avoir son âge en 2016. Et pour les besoins du tournage, pose son micro, par un triste hasard, le soir du 13 novembre dans le salon théâtre d’une soirée entre amis qui vire au cauchemar. Un stigmate sonore d’une force sans égale.
Des sujets actuels, Tinder, la théorie du genre ou atemporels, l’amour et la drogue font également partie du panel de sujets traités. Avec la série poignante, Crackopolis, l’assistance se plonge par le récit d’un ex-accro à la dope, dans l’univers d’un junkie emprunt de difficultés et de mal-être. Ce témoignage découpé en 15 épisodes dépeint l’addiction sans juger.
Des thèmes variés, drôles, tristes, émouvants, éprouvants, ARTE Radio confie son micro à des professionnels ou amateurs pour un rendu original et surprenant.
Venu comme une pause dans la semaine, le temps s’arrête durant cette séance, s’apparentant à une thérapie de groupe. C’est aussi le plaisir de partager une pratique généralement solitaire que l’on vient chercher. S’émouvoir et rire ensemble. Finalement, le seul risque à tenter l’expérience, est de finir sa nuit ailleurs que sous sa couette…
Ré-écouter :
Quand ?
Reprise le 11 Septembre
Où ?
Maison de la poésie
157 rue Saint Martin
75003 PARIS
Clara