Ça vient de sortir, j’ai le béguin pour l’art moderne et contemporain. Six semaines sans musée et je suis en manque. A Paris, le shoot libérateur sera facile à trouver. La valeur sure, le Centre Pompidou. L’expo permanente envoie de la dynamite. Un oeil au programme, le cubisme est à l’honneur. Je ne connais pas encore cette came, mais l’affiche m’interpelle. Trois cent oeuvres qui constituent un tournant majeur dans l’histoire de l’art. La peinture passe de la représentation à la conception esthétique, un virage à 360°. Il me faut goûter ce courant artistique.
Plongée vertigineuse d’une ignorante picturomane dans le bouillon créatif des cubistes.
Avertissement :
Le présent article a été rédigé par une néophyte, n’ayant reçu aucune formation artistique. Aucune substance stupéfiante, illégale, en vente libre ou contrôlée n’a été consommée avant, pendant ou après la visite de l’exposition. La rédaction d’Eklektike décline toute responsabilité quant aux tentatives de reproduction par ses lecteurs des états de conscience ci-après décrits.
Lundi matin, manteau et bottes de sept lieues, je brave le vent et la pluie, pour m’inoculer la dose artistique que mon mental réclame.
L’action est quasi immédiate
Premiers effets : éclairer nos lanternes. L’expo présente les influences fondatrices du mouvement (art primitif, peinture de Cézanne) et l’origine du nom « cubisme ». Elle suit la chronologie du mouvement, de manière pédagogique et efficace. Les toiles de maîtres se succèdent.
La montée s’accélère
Les oeuvres de Picasso et Georges Braque jouent à s’imiter. Les similitudes sont troublantes entre les toiles des deux artistes, c’est à se demander si les mecs ont partagé le même cerveau. La couleur se fait sobre (gris, ocres), laissant place à la fragmentation géométrique. Les pianos, guitares et guéridons des natures mortes explosent en une cacophonie de facettes organisées. Les corps et les portraits subissent un morcellement méticuleux.
J’atteins le Nirvana…
…dans la salle où, je crois le comprendre, est reconstituée l’exposition cubiste du salon d’automne 1912. En contemplant « La Noce » de Fernand Léger, je n’ai plus de doute, la came des cubistes, c’est une substance kaléidoscopique. La couleur s’invite, de plus en plus vive et lumineuse. Poursuite de l’état de grâce devant « La Procession » de Picabia, et les Delaunay mari et femme et leur toiles monumentales.
Cerise sur le gâteau
Les oeuvres prennent du volume, des collages, des pliages, des sculptures. La douceur minimaliste d’une « muse endormie » de Brancusi côtoie la fougue dévastatrice du « cheval majeur » de Raymond Duchamp-Villon. Je découvre la finesse des sculptures de Laurens.
Pour une immersion totale dans l’époque
Je décide de vivre l’expo branchée sur l’appli du centre Pompidou, à la lumière des commentaires de Guillaume Apollinaire. En critique d’art, le poète se montre fervent et rare défenseur de l’art cubiste et a su voir la portée de cet élan nouveau.
En sortant
Je passe faire un tour à l’expo Franz West dans la galerie mitoyenne mais mes synapses sont saturées, Le Cubisme, c’était de la pure ! Fin de la fête, après une séance de méditation mystique « Jaune, Rouge, Bleu » avec Vassily Kandinsky dans la galerie permanente, histoire de redescendre, tout en douceur.
Bahia L.
Jusqu’au 25 février 2019, au centre Georges Pompidou de Paris. Entrée adulte musée + expos : 14€