S’il est un artiste à jamais lié aux années 70 c’est bien Vasarely. Omniprésent dans les années Pompidou, cette ubiquité engendra son oubli dans les années 90. Porté par l’engouement actuel pour le vintage, Vasarely revient sur le devant de la scène. L’expo rétrospective que lui consacre le Centre Pompidou est l’occasion d’une remise en perspective de cette oeuvre protéiforme.
Victor Vasarely ne venait pas de nulle part. C’est un des premiers enseignements de cette exposition. Après s’être formé au Muhely « le petit Bauhaus » de Budapest, il oeuvre dans la publicité comme graphiste, peint des tableaux figuratifs entre 1935 et 1947 puis se met à l’abstraction via des procédés géométriques.
Dans « Le Zèbre », composition graphique datant de 1938, qui représente un assaut entre deux zèbres (encre de Chine et huile sur papier) on trouve déjà les éléments caractéristiques de l’oeuvre ultérieure: le langage binaire (noir et blanc), le mouvement et l’effet cinétique.
Après une période d’expérimentation de motifs géométriques en noir et blanc, il créé un esperanto visuel composé d’éléments de base : cercles, carrés, losanges, triangles, qu’il combine à l’infini. Une fois la couleur ajoutée, Vasarely dispose du vocabulaire d’où naitront des oeuvres abstraites pop qu’il déclinera sur les supports les plus variés : toiles, plexiglas, lithographies ; et dans les médias les plus divers : presse, magazine, décors de cinéma ou de télévision etc..
Vasarely devient le symbole d’un art moderne, démocratique et duplicable.
Ne manquait plus qu’une corde à son arc : l’architecture, pour arriver à l’unité plastique à laquelle il aspirait. Ce fut chose faite dans les années 70.
Il y eu une tendance Vasarely qui comme toute mode se démoda. Qu’en reste t’il aujourd’hui ?
Vasarely donne l’impression d’avoir ouvert la boite de pandore de l’art décoratif, reproductible à l’infini et met en oeuvre une énergie que rien ne peut arrêter, sinon peut-être la lassitude devant ces procédés systématiques. Et on peut se poser la question, est-ce encore de l’art…?
Surprise, à l’issue de cette visite, à l’étage inférieur du centre, l’exposition consacrée à Stephane Mandelbaum, météorite qui ne vécut que 25 années.
Des dessins rageusement exécutés au fusain crayon et stylo bille. Portraits et autoportraits qui figurent « le monde interlope des prostitués, proxénètes et gangsters, qu’il fréquente aussi bien en rêve qu’en réalité ». Véritable témoignage « d’un univers personnel ou s’entremêlent les références autobiographiques et culturelles dans un style marqué par l’urgence et la révolte ».
L’exact opposé de l’art cinétique de Vasarely.
Patrick S.